Les pouvoirs psychiques

Publié le par Pierre Langlais

 

Les pouvoirs psychiques dans le Dhamma.

 

 

 

Les sutta pâli attribuent souvent des pouvoirs supranormaux au Bouddha et à ses disciples arahants ; hormis un préjugé personnel, on a peu de raisons de supposer que ces passages sont des interpolations. Et, si le Bouddha juge défavorablement le miracle des pouvoirs psychiques par rapport au « miracle de l’instruction », ce n’est pas pour porter atteinte à leur réalité, mais seulement pour souligner leur intérêt limité. En considérant l’ensemble des sutta, on peut en conclure clairement que l’acquisition des pouvoirs paranormaux était considérée comme un élément positif servant à mettre en valeur l’envergure et l’épanouissement de l’individu spirituellement accompli.

 

Les sutta mentionnent fréquemment un ensemble de six facultés paranormales que possédaient beaucoup d’arahants. On les appelle les six pouvoirs spirituels supérieurs (chalabhinna). Le sixième d’entres eux – la connaissance de la destruction des souillures (asavakhayanana) – est la réalisation supratemporelle que toutes les perturbations ont été éradiquées et ne peuvent plus jamais surgir ; ce pouvoir, commun à tous les arahants, garantit leur délivrance définitive. Les cinq autres pouvoirs spirituels supérieurs sont profanes. Il s’agit de la connaissance des modalités des pouvoirs supranormaux, de l’ouïe divine, de la connaissance de l’esprit des autres, de la connaissance de la mémoire des vies antérieures, et de la vue divine, ou connaissance de la disparition et de la réapparition des êtres. Ces pouvoirs peuvent s’observer en dehors du Dhamma du Bouddha chez les mystiques et les yogis qui ont acquis la maîtrise de l’absorption méditative, mais cela ne certifie pas que ces derniers soient parvenus à la vraie sainteté. Ces pouvoirs ne sont pas nécessaires à la libération, pas plus qu’ils ne l’indiquent.

 

Le Bouddha était bien conscient du risque d’égarement dû à la fascination exercée par ces pouvoirs psychiques. Ils pouvaient se révéler un piège terrible pour ceux dont l’esprit restait encore enflammé d’ambition personnelle, augmentant l’illusion d’un soi séparé et la soif de domination. Mais, ils pouvaient aussi se montrer des moyens utiles au service de la doctrine, pour ceux qui avaient percé la non-réalité du « je » et du « mien », et dont les cœurs étaient emplis de compassion.

 

La première génération de moines après le Parinibbâna du Bouddha avait beaucoup de considération pour ces cinq pouvoirs ; ils faisaient partie des « dix qualités qui inspirent confiance », servant de critères pour choisir les guides spirituels du Sangha, orphelin de son Maître.

 

Alors que le sixième pouvoir, la connaissance de la destruction des souillures, est le fruit de la vision pénétrante, les cinq pouvoirs profanes sont issus de la concentration. Dans les sutta, le Bouddha les introduit généralement après avoir expliqué les quatre jhâna. Ces derniers sont les préalables requis pour accéder aux pouvoirs spirituels supérieurs, parce qu’ils transforment la tonalité et la clarté de la conscience de sorte que s’ouvrent les canaux par lesquels ces connaissances deviennent accessibles.

 

 

 

 

Hellmuth Hecker – « Les grands disciples du Bouddha ».         

 

 

Publié dans Extraits de livres

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