La naissance du Bouddha

Publié le par Pierre Langlais

 
Le rêve de la reine Sirømahæmæyæ

Quatre deva soulevèrent son lit transportant ainsi la reine dans une forêt, dans laquelle ils posèrent le lit sur une grande pierre plate, à l’ombre d’un shorea robusta en fleurs. Les deva l’ont ensuite lavée, vêtue de somptueux habits, parée de fleurs splendides et ointe de parfums exquis. Ils l’ont délicatement déposée dans un pæsæda fait d’or. Là s’est approché un éléphant d’un blanc totalement immaculé, qui est entré dans la reine par son flanc droit. Ainsi s’est achevé le rêve.

Lorsque la reine raconta son rêve au roi, il en a demandé la signification aux brahmanes astrologues de la cour, qui s’accordèrent sur la même réponse :

  « La reine Sirømahæmæyæ a été désignée pour donner naissance à un être aux pleines pæramø, un être très grand, un être très noble. »

Le roi et la reine furent réjouis des dires des brahmanes. Pour partager leur joie, ils ont organisé un somptueux banquet, lors duquel les riches comme les plus pauvres étaient conviés. Ils offrirent également des tissus aux nécessiteux.


 

La naissance

Six mois après son rêve extraordinaire, la reine Sirømahæmæyæ ressentit un vif désir de se rendre sur sa terre d’origine, le royaume de Devadaha. Elle demanda donc l’accord au roi de la laisser faire le trajet jusqu’au palais de son père. Approuvant le souhait de son épouse, le roi prit les dispositions nécessaires pour son voyage. Protégée par de nombreux soldats, elle fut transportée dans un palanquin magnifiquement décoré.

En chemin, alors que le cortège de la reine passait devant le bois de Lumbini, au pied de la chaîne de l’Himalaya (près de l’actuel Népal). C’était un splendide bois, riche de fleurs aux mille parfums autour desquelles dansaient les abeilles et plantés de saules au-dessus desquels planaient joyeusement des oiseaux aux couleurs vives. Séduite par l’endroit, la reine ordonna aux porteurs de s’y arrêter, avec sa suite, pour profiter d’une pause dans la fraîcheur de ce bois.

Alors que la reine profitait d’un agréable repos, le moment vint de mettre au monde son enfant. Ce vendredi de la pleine lune de mai 68 de la Grande ère, sous un shorea robusta (espèce de saule) est alors né le futur Bouddha. Au moment de l’accouchement, quand un des serviteurs prit l’enfant dans ses bras, ce dernier se glissa jusqu’au sol, se mettant à marcher. Il fit sept pas en direction de l’est. S’immobilisant debout, il dit :

  « Je suis le plus noble dans cet univers.

      Je suis le plus grand dans cet univers.

      Je suis le plus digne d’éloges dans cet univers.

      Je ne renaîtrai plus dans ce monde.

      Je ne renaîtrai pas non plus dans un autre monde. »
 


Les sept naissances simultanées

 

Sont nés ou apparus le même jour que lui : 1) Yasodharæ (elle sera son épouse) ; 2) Ænandæ (son cousin) ; 3) Channa (il sera son fidèle serviteur) ; 4) Kæ¹udæyø (il sera l’homme de confiance du roi, avant de devenir un moine arahanta) ; 5) Ka¼ðaka (il sera son cheval princier), 6) Mahæbodhi (il est l’arbre sous lequel il parviendra à l’illumination) ; 7) Quatre gigantesques pots d’or (ils apparurent dans le palais).

Très vite informés de la nouvelle, de nombreux amis et parentés de la reine Sirømahæmæyæ accoururent de la ville d’origine de cette dernière jusqu’à Lumbini, ainsi que de nombreux amis et parentés du roi Sudoddhana, en provenance de Kapilavatthu. Comme il fut recommandé à la reine de retourner à Kapilavatthu sans poursuivre son voyage, elle rentra le jour même avec son noble bébé et sa suite. Le royaume tout entier fut enchanté d’apprendre la nouvelle. Alors que tout le monde arrivait au palais royal, le roi Sudoddhana fit venir son maître, l’ermite Kæ¹adevila.

 

 

L’examen du bébé par les huit brahmanes

 

Cinq jours après la naissance de son fils, le roi fit appel à huit brahmanes astrologues très réputés pour lire les signes de la main du futur Bouddha. Après un soigneux examen des jeunes mains du bébé, les sept plus anciens astrologues s’accordèrent à affirmer :

  « De deux choses l’une : si cet enfant continue de mener une existence mondaine, il sera un roi très puissant, dominant l’humanité entière ; si cet enfant mène la vie de renonçant, il deviendra un bouddha pleinement éveillé. »

Le plus jeune des astrologues, quant à lui, ne voit qu’une seule possibilité :

  « Cet enfant est le futur Bouddha ».

Très surpris des visions révélées par les astrologues, le roi leur demanda :

  « Comment pourrait mon fils, se lassant de l’existence princière, quitter le palais pour la vie austère du renoncement, comment expliquer une pareille aberration ? »

Ko¼ðañña, le plus jeune des astrologues, lui expliqua :

  « Cet enfant est accompli en pæramø, il est dépourvu d’avidité et n’a plus aucun attachement au plaisir des sens. Lorsqu’il rencontrera les 4 grands signes – le vieillard, le malade, le mort et le renonçant –, il quittera le palais au profit de la vie ascétique, jusqu’à devenir un bouddha. »

Le roi fut consterné par ces prédictions. Il n’appréciait pas du tout l’idée que son fils pourrait mener une vie de renonçant. Seule la perspective de le voir incarner le plus puissant des rois pouvait le satisfaire. Après mûres réflexions, il décida de confiner son fils au sein du palais, veillant à ce qu’il demeure préservé du moindre contact extérieur, l’empêchant ainsi de rencontrer les 4 grands signes. Pour s’en assurer, il a fait quitter les lieux à toute personne susceptible de présenter les caractéristiques d’un des 4 grands signes ou d’en informer le jeune prince, dans les alentours du palais, sur un rayon si large que le meuglement d’une vache située à l’extérieur ne put être perçu depuis le palais.

À l’issue de leurs prédictions, les astrologues ont attribué un nom au prince : Siddhattha, qui signifie « celui qui a la capacité d’exaucer le souhait des deva et des hommes ».

 

Publié dans Extraits de livres

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