Le chemin perdu vers le Nibbâna.

Publié le par Langlais Pierre



    L
a fonction spécifique d’un Bouddha dans l’évolution historique et cosmique est de redécouvrir et de proclamer le chemin perdu vers le Nibbâna. L’histoire, pour le bouddhisme, ne se déroule pas linéairement de la création à l’apocalypse. Elle se déploie plutôt en cycles répétés de croissance et de déclin, enchâssés dans les révolutions plus amples du processus cosmique. Les systèmes de mondes apparaissent, évoluent, se désintègrent et sont remplacés par de nouveaux systèmes de mondes, nés des cendres des anciens. Sur cet arrière plan sans limite spatio-temporelle, les êtres migrent de vie en vie à travers les trois sphères d’existence. Toute existence cyclique est marquée par la souffrance : elle est transitoire, instable, insubstantielle, débute à la naissance dans la douleur et finit dans les peines du grand âge, de la maladie et de la mort. Périodiquement, cependant, un être surgit –toujours dans le monde des hommes- du fond des labyrinthes obscurs du samsâra. Il démêle l’enchevêtrement embrouillé des conditions qui sous-tendent ce processus d’esclavage et découvre ainsi, par sa seule sagesse et sans aide, le chemin perdu vers le Nibbâna, l’état non conditionné de félicité, de paix et de liberté parfaites. Cet être est un Bouddha.

 

       Un bouddha ne redécouvre pas seulement le chemin vers le Nibbâna ; il instaure également une sâsana, une Diffusion du Dhamma, pour donner à d’innombrables êtres la possibilité d’apprendre le Dhamma et de fouler la voie vers le but. Chaque Bouddha fonde une Sangha afin de faciliter le progrès le long de la voie, un ordre de moines et nonnes renonçants, qui ont abandonné la vie familiale pour assumer pleinement le joug de la discipline, le brahmacariya, ou vie sainte. Chaque Bouddha enseigne librement et ouvertement le Dhamma aux quatre classes de disciples – moines, nonnes, laïcs hommes et femmes – leur montrant comment se comporter pour accéder à de meilleures renaissances dans le cycle des existences, ainsi que le chemin qui libère définitivement de ce cycle vicieux. La venue d’un Bouddha est toujours un événement favorable, même pour ceux qui ne peuvent atteindre la première étape de l’état de noble disciple. En prenant refuge en les Trois Joyaux, en faisant des offrandes au Bouddha et à sa Sangha, en entreprenant de pratiquer l’Enseignement, les êtres sèment des graines de mérite douées de la capacité la plus efficace de produire des fruits favorables.


                Bhikkhu Bodhi


"Les grands disciples du Bouddha" - Nyanaponika Thera & Hellmuth Hecker

Publié dans Extraits de livres

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