Les laideurs (Visuddhimagga)

Publié le par Langlais Pierre

 

Le texte suivant est un extrait d’un chapitre du Visuddhimagga (le chemin de la pureté) de Buddhaghosa, « la laideur ».

La laideur traite d’une série de pratiques particulières ou l’attention et la concentration reposent sur la vue d’un cadavre, réservé au moine qui souhaite se défaire de l’attachement au corps.

D’une façon rigoureuse, il est décrit ce que doit faire le moine qui souhaite se consacrer à cette observation, pour que tout se déroule convenablement. Puis quels sont les signes qu’il doit observer.

On remarque la grande précision et réalisme des descriptions, c'est une caractéristique du Dhamma, faire face et connaître la réalité des choses.

 

Voici les particularités des laideurs :

 

 

 



 

Les particularités des laideurs

 

Celui-aux-dix-pouvoirs, aux belles qualités,

à la splendeur louée par Dix-fois-cent-yeux* (Epithète d’Indra)

a trouvé en chacune des laideurs une cause de jhâna.

Celui qui connaît ces laideurs et sait comment s’y exercer

Doit avoir en outre conscience de leurs particularités.

 


Le jhâna que permet d’atteindre l’une ou l’autre laideur écarte les attachements. Il en résulte toujours un comportement dépourvu d’avidité, semblable à celui des Accomplis, qui sont libres de tout attachement.

         Il faut encore associer les laideurs aux étapes de décompositions du cadavre et aux subdivisions du tempérament voluptueux.

         Bien que toujours repoussant, le cadavre change d’apparence, et le moine saisit le signe qu’il peut trouver : aspect déplaisant du cadavre gonflé, aspect déplaisant du cadavre marbré de bleu, etc. Les dix laideurs correspondent donc aux étapes de décomposition du cadavre.

         Le cadavre gonflé convient particulièrement aux moines qui s’attachent aux formes, car il met en évidence la détérioration des formes corporelles.

         Le cadavre marbré de bleu convient à ceux qui s’attachent au teint, car il met en évidence la détérioration de la coloration de la peau.

         Le cadavre suppurant convient à ceux qui s’attachent aux senteurs corporelles que procurent les fleurs et les parfums, car il met en évidence la puanteur des plaies.

         Le cadavre sectionné convient à ceux qui s’attachent à la compacité du corps, car il met en évidence les séparations.

         Le cadavre dévoré convient à ceux qui s’attachent à l’accumulation de chair en certaines parties du corps comme les seins, car il montre comment la plénitude de cette accumulation de chair est détruite.

         Le cadavre éparpillé convient à ceux qui s’attachent à l’élégance des membres, car il met en évidence la dispersion de ces membres.

         Le cadavre coupé et éparpillé convient à ceux qui s’attachent à la perfection de l’ensemble du corps, car il met en évidence la destruction et l’altération de l’assemblage du corps.

Le cadavre sanguinolent convient à ceux qui s’attachent à la beauté des parures, car il met en évidence le caractère déplaisant du corps paré de sang.

         Le cadavre mangé aux vers convient à ceux qui s’attachent à l’idée que ce corps leur appartient, car il met en évidence les espèces de vers avec lesquelles ils doivent le partager.

         Le squelette convient à ceux qui s’attachent à la perfection des dents, car il relève le caractère déplaisant des os.

         Voilà comment les dix catégories de la laideur correspondent aux dix subdivisions du tempérament voluptueux.

 

         Un bateau ne peut voguer sur une rivière au flot tumultueux et au courant rapide sans un gouvernail solide. L’absence de gouvernail lui interdit de naviguer. De même, l’attention ne peut rester focalisée sur la laideur que si la prise-ferme est puissance, car l’objet manque de force (d’attrait). Sans prise-ferme, l’attention ne peut se maintenir sur l’objet. C’est pourquoi cette pratique ne permet d’atteindre que le premier jhâna.

 

Bien que l’objet soit déplaisant, le ravissement et la satisfaction sont possibles parce que le moine voit l’intérêt du signe : « C’est assurément par ce moyen que je serai délivré du vieillissement et de la mort », et parce que le tourment des obstacles est éliminé. Le moine comprend l’intérêt du signe de la même façon qu’un chiffonnier voit le gain conséquent que va lui rapporter un tas d’ordures, ou qu’un malade souffrant d’une grave affliction voit l’avantage d’un émétique ou d’un purgatif (désagréable à ingurgiter).

         La laideur présent dix aspects, mais une seule caractéristique : sa nature à la fois malpropre, malodorante, repoussante et déplaisante.

 

Même vivants, les corps présentent cette caractéristique, …


 


 


 


Publié dans Extraits de livres

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