Dhamma et désir sensuel.

Publié le par Langlais Pierre

 

 

 

Parmi les trois poisons avec lesquels nous cohabitons, l’aversion, l’illusion et le désir, ce dernier –lobha- peut nous tirailler quotidiennement ou surgir sans crier gare.

En tant que disciples laïcs de l’enseignement de Bouddha, nous sommes confrontés aux plaisirs des sens. Lors d’une retraite nous apprenons à suivre les huit préceptes et à se détacher des plaisirs des sens en prenant nos distances par rapport à eux. Ceci grâce à l’application continu de l’observation des phénomènes physiques et mentaux. Dans un environnement favorable il est plus facile de mettre entre parenthèse le désir, dans le monde quotidien c’est moins évident.

 

Le désir naît du contact et de la sensation, il provoque l’attachement, lequel conditionne le processus du devenir. En désamorçant la sensation, nous rendons le désir moins ardent, voire inexistant.

 

Le désir sensuel s’exprime de plusieurs manières : l’avidité et la convoitise pour les choses matérielles, pour un état, une sensation, la gourmandise, le désir de vivre (et de revivre), le désir sexuel, etc.

 

Le désir sexuel est une force immense qui alimente la vie de façon continue, et donc la misère de dukkha qui en découle et la mort.

Peut-on s’opposer de front au désir sensuel ? C’est-à-dire, peut-on lutter contre lui lorsqu’il est déjà présent ? Ce n’est pas la bonne solution à mon avis. Peu de personnes peuvent contrôler leurs pulsions face à l'objet du désir.

Il s’agit de s’appliquer à des réglages quotidiens, au fur et à mesure des discernements.

 

         A un moment donné de notre existence, le désir sexuel est un moteur, un éveilleur, un libérateur. Bouddha dit même que le corps d’une femme est ce qui captive le plus l’esprit d’un homme. Pourtant, nous comprenons grâce au Dhamma, ce qu’il implique, comme tout désir -avidité et convoitise, et quel est l’intérêt de s’en détacher.

 

Il ne faut pas provoquer le désir sexuel et le laisser s’immiscer en nous (pour les hommes en tout cas), car celui-ci dès qu’il trouve une brèche, nous mène à lui jusqu’à être assouvi.

Il convient parfois de fermer la porte au désir, de ne pas le laisser rentrer, d’être vigilant et de ne pas se laisser surprendre. Jusqu’au cap du désintéressement. Cela ne se fait pas du jour au lendemain.

 

Mais la volonté de se résoudre est à double tranchant. Dans le domaine du désir sexuel, ou même des autres poisons, nous pouvons être comme le Dr Jekyll et Mr Hyde. En occultant la part d’ombre, celle-ci peut resurgir violemment et prendre le dessus. Ce n’est pas en occultant le désir qu’il disparaîtra de lui-même.

 

         Quand le désir s’invite lors d’un instant furtif, il convient de ne pas y sombrer, ni de s’y dérober d’une façon coupable. Se rappeler qu’une pensée naît, dure et surtout disparaît, sans chercher à savoir d’où elle provient (surement d’un moment d’inattention). Lorsque nous nous attachons à nos désirs et que nous ne pouvons les assouvir, cela provoque de la frustration, et des pensées érotiques, lesquelles génèrent une convoitise plus forte.
Magga
est fait de modération et non d’impétuosité. Comprendre le corps c’est comprendre l’esprit.

Pour déconnecter le désir il est nécessaire de saisir régulièrement les bienfaits de la vertu –et l’équilibre entre pensées et actions- ainsi que d’assimiler le non-soi de l’existence, anatta.

        

         Quelle saisie est possible si on ne se possède pas soi-même ? 

Le plaisir quotidien du renoncement s’avère supérieur au plaisir succin de la jouissance.

 

 

En tant que disciple laïc, nous ne sommes pas tenus de nous abstenir de toutes relations sexuelles, cependant il est mieux d’éviter la masturbation. Lors de retraites nous apprenons à vivre sans, dans la vie quotidienne aussi. Pourquoi ? Une raison est que si l’on souhaite rester fidèle on ne doit pas développer de fantasmes ni de pensées sensuelles. Les pensées malsaines salissent la conscience.

 

 

Il faut accepter, reconnaître les pulsions quand elles se présentent, et comprendre avec patience l’intérêt du renoncement. Le renoncement graduel au désir sexuel et à sa satisfaction fait partie de la voie.

    Puissions nous veillez en paix et sans désir.

 

 

 

 

 

 

Publié dans dhammapiti

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