Visuddhimagga (prologue 2)

Publié le par Langlais Pierre



Visuddhimagga  - Le chemin de la Pureté
De Buddhagosa (traduit du magadhi par Christian Maës)

Prologue (2)





Je vais donner à présent le sens véritable et détaillé

de cette strophe que le grand Sage déclama.

Certains yogis entrent dans l’enseignement du Vainqueur,

si difficile à trouver, sans connaître pour ce qu’il est

le chemin sûr et droit vers la Pureté :

discipline, concentration et sagacité.

Ils aspirent à la Pureté mais n’y parviennent pas malgré leurs efforts.

Pour eux, je vais décrire ce chemin de la Pureté

selon une présentation claire qui leur plaira

et qui suit la méthode transmise

par les résidents du Grand Monastère*.

Je vais l’exposer fidèlement.

Vous tous, hommes de bien qui aspirez à la Pureté, prêtez attention !

 

 

         La « Pureté » désigne le Dénouement*, lequel, dépourvu de toute tache, est extrêmement pur. Le chemin qui y mène constitue le chemin de la Pureté –et l’on appelle chemin le moyen d’accès- ; c’est ce moyen que je vais décrire.

 

         Le chemin de la Pureté fut parfois exposé seulement comme supravoyance* :

 « Voir avec sagacité que toutes les créations sont temporaires et être désenchanté du désagrément*, tel est le chemin de la Pureté. »

 

Parfois comme jhâna* et sagacité :

« Qui possède jhâna et sagacité se trouve en face du Dénouement.* »

 

Parfois comme kamma*, etc . :

« Kamma, science et rectitude, discipline

et mode de subsistance supérieur.

Voilà qui purifie les mortels, non la famille ou la richesse. »

 

Parfois comme discipline, etc. :

« Toujours discipliné, sagace et bien concentré,

Energique et résolu, il traverse l’inondation si difficile à traverser. »

 

Parfois comme vigilance, etc. :

« Il n’existe qu’un chemin pour purifier les êtres, moines… et pour voir le Dénouement de ses propres yeux : celui des quatre vigilances. »

Même formulation avec les quatre efforts-justes.

Mais la réponse en vers parle de discipline, etc.

 

Commentaire de la réponse

« L’homme » : l’être.

« Intelligent » : doué de la sagacité qui résulte du kamma lors du lien-de-renaissance à trois causes.*

« Ferme dans sa discipline » : stable dans sa discipline, s’y adonnant pleinement.

« Qui développe état d’être et sagacité » : qui fait naître et croître la concentration, dite état d’être*, et la supravoyance, que désigne la sagacité.

« Moine » : celui qui considère l’aspect terrifiant du mouvement continuel*.

« Energique » : vigoureux. La vigueur désigne l’énergie qui brûle les souillures de l’esprit. L’homme est « énergique » lorsqu’il possède cette qualité.

« Sage » : doué de la sagacité qu’on dénomme sagesse ou sagacité protectrice. La strophe mentionne trois fois la sagacité, une première fois en tant que sagacité innée, une deuxième en tant que sagacité supravoyante, et une troisième en tant que sagacité protectrice qui guide dans toutes les actions.

 

Le moine « peut démêler ce lacis » lorsqu’il possède six qualités : la discipline, la concentration désignée par l’expression « état d’être », trois formes de sagacité et la vigueur.

 

         Un homme solidement planté sur le sol peut, en maniant une épée bien affilée, couper les bambous enchevêtrés dans un grand fourré. De même, celui qui s’est affermi sur le sol de la discipline et qui manie, avec la main de la sagacité protectrice, pleine de vigueur, l’épée de la sagacité supravoyante bien aiguisée sur la pierre de la concentration peut dénouer l’enchevêtrement des désirs qui encombrent la succession de ses instants d’être ; il peut le trancher, il peut l’anéantir. A l’instant du chemin, il dénoue le lacis ; à l’instant du Fruit, le lacis étant dénoué, il devient digne des sublimes sacrifices que lui offrent le monde et ses dieux. Voilà dans quel sens le Seigneur a dit :

 

         « L’homme intelligent et ferme dans sa discipline,

         qui développe état d’être et sagacité

         comme un moine énergique et sage,

         peut démêler ce lacis. »

 

 

 

 

 

 

Grand Monastère : Monastère proche d’Anurâdhapura, ancienne capitale du Sri Lanka.

Dénouement : Selon le texte, nibbâna vient de la racine , « tisser, entrelacer », ou du mot vâna, « fourré, forêt », plutôt que la racine , « souffler ». Nibbâna =  nir-VĀ-na : sortie du réseau (des désirs), désenchevêtrement, dénouement.

Supravoyance : pour le magâdhi vipassanâ.

Désagrément : pour dukkham, plutôt que « souffrance » ou « douleur », termes qui ne s’appliquent qu’aux désagréments les plus grossiers.

Jhâna : absorption contemplative.

Qui possède jhâna et sagacité se trouve en face du Dénouement : Dhammapada 372.

Kamma : Le kamma est l’action efficiente –nénéfique ou pernicieuse- qui produit un effet ultérieur, par opposition à kiriya, action pure, simplement fonctionnelle.

Trois causes : Absence d’attachement, d’aversion et de confusion (ou : détachement, acceptation et lucidité).

Etat d’être : citta, se caractérise par la qualité de la connaissance : plus ou moins aiguë, plus ou moins entravée par l’attachement, l’aversion, la confusion, etc.

Mouvement continuel : le mot samsâra désigne la succession incessante des instants d’être (ou instants de conscience), et aussi la succession des existences. Car on considère qu’un être  dure un seul instant de conscience, ou toute une vie, selon l’approche adoptée.

 

 

 

 

 

 

Publié dans Extraits de livres

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