Sîla

Publié le par Langlais Pierre


 

 

 

On trouve la plupart du temps comme traduction de sîla : moralité.

 

(Moralité = Conformité aux principes, aux règles de la morale. Sens moral, conduite morale d’une personne.

Morale = Ensemble des principes de jugement et de conduite qui s’imposent à la conscience individuelle ou collective. Tout ensemble de règles, d’obligations, de valeurs.)

 

Or ce terme, souvent associé à la morale chrétienne et à des obligations qui seraient imposées par une autorité extérieure, agit comme répulsif parmi ceux qui rejettent ou se méfie de la religion, et des règles qu’un Dieu fixerait.

La moralité bouddhique, la morale du disciple n’est pas quelque chose qui est imposé extérieurement, elle est au contraire une démarche intérieure de sagesse dont résulte le bonheur.

Bien qu’il existe déjà des règles élémentaires pour évoluer dans la société, la moralité que développe le disciple lui vient de l’intérieur, de la compréhension, de la confiance en l’Enseignement, de la volonté de progression, de la compassion et de la logique. Le disciple peut dans un premier temps, s’imposer des règles de conduite, s’il souhaite par exemple cesser de boire de l’alcool, tout en développement la compréhension de l’intérêt d’une telle démarche. (C’est-à-dire, comme décrit dans le Sigalovada-Sutta, sur le fait de boire des boissons alcoolisées :

« Voici les six mauvaises conséquences produites pour ceux qui s’adonnent aux boissons enivrantes : elles causent la folie et l’inattention, la perte de la fortune, l’augmentation des disputes, la disposition aux maladies, le gain d’une mauvaise renommée, les scandales honteux, la diminution de l’intelligence. »)

De même avec les autres préceptes.

 

« La morale bouddhique, telle qu'elle s'exprime notamment dans les "Cinq préceptes" de base, s'appuiera donc sur un principe universel : tous les hommes préférant le bonheur au malheur, le plaisir à la souffrance, ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse à toi-même.
Les cinq préceptes présenteront donc cinq types d'action (de corps, de parole et aussi d'esprit - puisque l'intention est le fondement de tout acte karmique ; rappelons-nous la première formule du Dhammapada citée plus haut : "De l'esprit proviennent toutes choses. Tout naît de l'esprit, tout est formé par l'esprit."), capables de générer la souffrance, dont il faudra "s'abstenir" (encore une fois c'est l'état d'esprit, l'intention qui compte) :

- ne pas supprimer la vie puisque tout être sensible apprécie de vivre ;
- ne rien prendre de ce qui n'a pas été donné, puisque l'instinct de propriété est "bien partagé" !
- ne rien dire de futile, d'inutile, ou qui puisse blesser ;
- ne pas avoir de pratique sexuelle blessante pour les autres ;
- et enfin : ne pas consommer d'intoxicants qui feraient perdre le contrôle de soi et faciliteraient donc les actions précédemment évoquées.

Autant de pratiques qu'on verra essentiellement comme "sociales", visant à rendre le plus harmonieuses possibles les relations entre les êtres sensibles vivant au sein du samsâra - y compris donc les représentants des autres états d'existence contenu dans ce samsâra : les dieux et les démons, les fantômes et les animaux...
Le bien ici considéré est un bien conditionné, relationnel. Le mal n'est autre que ce qui provoque un supplément de souffrance à ce qui est déjà, pour ceux qui le savent, souffrance suprême. La consigne pourrait être : "Inutile d'en rajouter ! Et, si possible, faisons tout pour diminuer la souffrance inhérente à l'existence. »

(Dominique Trotignon - http://www.bouddhisme-universite.org/universite.html)


 

Sîla, la moralité, prend aussi le sens très proche d’éthique.

(Ethique = Ensemble des règles de morale. Qui concerne la morale.)

 

Et également celui de vertu.

(Vertu = Disposition particulière propre à telle espèce de devoirs moraux, de qualités. Disposition à faire le bien et à fuir le mal.)

 

Faire le bien et fuir le mal, ceci est bien ce qui résulte de la moralité mise en application, ainsi que la production d’actes bénéfiques (kusala) pour autrui dont la compassion, le don, le respect, etc. étant associés à l’absence de convoitise, de haine et parfois d’égarement, ils amènent une renaissance heureuse. Ces dispositions servent de socle au développement de samadhi, la concentration mentale, de panna, la sagesse, l’intelligence.

 

« Sîla : ‘ moralité ’  est un mode d’esprit et de volition (cetanâ) qui se manifeste soit en parole, soit en action corporelle (v. kamma). C’est le fondement de toute la pratique bouddhique et en même temps, la première des trois sortes d’entraînement formant la triple division de l’Octuple Voie (v.magga), c'est-à-dire : la moralité, la concentration, l’intelligence. La moralité bouddhique n’est pas quelque chose de négatif, comme cela pourrait le paraître d’après les formules négatives dans les textes de Sutta. Elle ne consiste pas dans le seul fait de ne pas commettre de mauvaises actions, mais dans chaque cas, c’est la retenue clairement consciente et intentionnelle des mauvaises actions en question et elle correspond à la volition qui apparaît simultanément. La moralité de l’Octuple Voie, notamment : paroles parfaites, actions parfaites et moyens d’existence parfaits, est appelée ‘ la véritable ’ ou ‘ la forme naturelle de la moralité ‘ (pakati sîla) pour la distinguer de la règle purement extérieure instituée pour les moines ou les laïcs, dite ‘ moralité prescrite ‘ (pannatti sîla) qui, comme telle, est karmiquement neutre.

« Or qu’est la moralité bonne (kusala sîla) ? C’est l’action corporelle bonne, l’action verbale bonne, et aussi la purification en ce qui concerne les moyens d’existence, que j’appelle moralité. » (Majjhima-Nikâya 78) »

 

(Nyanatiloka – Vocabulaire Pali-Français des termes Bouddhiques)

 

 

 

La moralité, source de bonheur, assurance de progrès, est associée à la maîtrise des sens, et à la mise en œuvre d’actes du corps et de la parole entièrement sains.

On trouvera dans le sutta  ‘le fruit de l’état de religieux‘ (Samannaphala–sutta) un petit cours de morale, un cours moyen de morale et un grand cours de morale, Bouddha répondant au roi de Magadha qui souhaite savoir quel est le fruit visible de la profession de religieux.

Ainsi il lui cite toute une série de règles morales, de comportement à éviter, allant du mensonge à la pratique de la divination, permettant la manifestation de la pureté dans le comportement et dans la pensée.

 

« Il s’abstient, lui, de tels arts vulgaires, de telle mauvaise façon de vivre. C’est là sa part dans la morale. » (Sâmannaphalasuttam dutiyam)

 

Le développement d’un pouvoir, de concentration, de décision, ou psychique, non basé sur l’éthique, amènera non seulement la perdition dans la croyance en un « soi », mais surtout la corruption.

 

Que chacun, comprenant la valeur et l’importance de Sîla, mette en application la moralité, distinguant ce qui est bénéfique de ce qui est néfaste, pour sa propre libération, et pour celle d’autrui.

 

Metta

Publié dans dhamma-vicaya

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