Faire surgir la joie

Publié le par Langlais Pierre



La joie : quatrième facteur d’illumination.


 (Sayadaw U Pandita - "dans cette vie même")



 

L’attention sage est la cause pour la joie.

 

Selon le Bouddha, l’attention sage est la cause pour la joie. Comme c’était déjà le cas pour l’effort. C’est la seule. Il faudra être sagement attentif à fournir un effort tel que l’enthousiasme pour que le Bouddha, le Dhamma et le Sangha se manifestent.

 

Les onze façons supplémentaires de développer la joie :

 

Dans les commentaires, on reconnaît onze moyens de faire surgir la joie :

 

1. Se remémorer les vertus du Bouddha.

 

Le premier consiste à se remémorer les vertus du Bouddha, c’est buddhanussati. Il y en a un grand nombre et il n’est sans doute pas indispensable de toutes les connaître pour voir apparaître les premières manifestations de la joie. Il y a par exemple la qualité de araha ; c’est la première vertu à figurer dans la liste traditionnelle ; le Bouddha s’était rendu parfaitement pur en déracinant les kilesas ; il méritait dès lors le respect des humains, des devas et des brahmas. Vous réussirez peut-être à faire à faire surgir en vous la joie par le simple fait de réfléchir à la façon dont le Bouddha se débarrassa des kilesas et obtint la pureté de l’esprit.

(…)

2. Se réjouir dans le Dhamma.

 

La seconde façon de faire surgir la joie consiste à pratiquer le souvenir du Dhamma et de ses vertus. Traditionnellement, la première de ces vertus s’exprime par une phrase : « Le Dhamma est bien exposé par le Bouddha ; oui, le Dhamma est bien proclamé par le bouddha ». Le Dhamma a été excellemment enseigné par le Bouddha et actuellement, la façon dont vos professeurs le transmettent est fiable. C’est une bonne raison de se réjouir. Le Bouddha a beaucoup parlé du triple entraînement de sîla, de sâmadhi  et de pannâ. Celui qui le suit doit commencer par assurer la pureté de son comportement en observant les préceptes moraux. Nous allons essayer de vivre à un haut niveau d’intégrité morale, en contrôlant nos actions et nos paroles. Ceci va amener beaucoup de bénéfices. Nous serons libres de l’autocritique, du blâme et du remords. Nous serons également libres de la censure par les sages et de la condamnation par la loi.

         Nous allons ensuite développer la concentration en suivant les instructions du Bouddha. Si notre motivation est sincère et que nous pratiquons avec constance et persévérance, nous expérimenterons le bonheur et la clarté, notre esprit sera lucide et paisible. C’est samatha sukha, le bonheur qui procède de la concentration et de la tranquillité d’esprit. Il est même possible d’atteindre les différents niveaux d’absorption ou jhanas, états béatifiques extraordinaires dus à la suppression temporaire des kilesas.

         Et lorsque vous serez arrivés à vipassanâ, vous porrez expérimenter un troisième type de bonheur. Vous pénétrerez plus profondément dans le Dhamma, atteindrez le stade de connaissance de l’apparition et de la disparition des phénomènes et serez grisé par un type de joie que l’on pourrait qualifier de « frissonnante ».  Elle sera suivie de la « joie née de la clarté ». Et lorsque finalement vous aurez atteint le stade de connaissance appelé sankharupekkânâna, la connaissance de l’équanimité par rapport aux formations, vous expérimenterez la « joie de l’équanimité ». L’agitation et l’excitation auront fait place à un bonheur plus profond, très subtil et équilibré. Ceux qui s’engagent dans la pratique verront donc se réaliser les promesses et garanties du Bouddha, ils expérimenteront ces différents types de bonheur. Si vous réussissez à tous les vivre dans votre pratique, vous serez en mesure d’apprécier en profondeur la justesse des paroles du Bouddha. Vous aussi vous direz alors : « Le Dhamma est bien exposé par le Bouddha ; oui, le Dhamma est bien proclamé par le bouddha ».

         Finalement, toutes ces joies seront transcendées par le «Bonheur de la Cessation », le bonheur ultime.

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3. Apprécier les vertus de la Sangha.

 

Se remémorer les vertus de la sangha constitue, selon les commentaires, la troisième façon majeure de développer la joie. La sangha est la communauté des personnes nobles entièrement engagées dans le Dhamma, qui mènent leur effort avec patience et sincérité. Ils suivent correctement la voie, sans faire de détour, et atteignent leur destination respective.

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4. Considérer ses propres vertus.

 

La quatrième façon de faire surgir la joie consiste à considérer dans quelle mesure on a réussi à maintenir la pureté du comportement, cette puissante vertu qui amène un sentiment intense de satisfaction et de joie chez celui qui la possède. Mais elle exige beaucoup de persévérance. En repensant aux efforts que vous avez fournis pour y arriver, vous ressentirez peut-être un profond sentiment d’accomplissement et de bonheur.

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5. Se remémorer sa propre générosité.

 

La cinquième façon de faire surgir la joie consiste à se remettre en mémoire sa propre générosité. Pour être méritoire, la charité doit se pratiquer sans espoir de retour, dans l’unique but de rendre les autres heureux, paisibles, en leur souhaitant de se libérer de la souffrance. En plus des mérites, un tel acte amène un bonheur et une satisfaction intenses. C’est la motivation qui est déterminante : pour être bénéfique, elle ne doit contenir aucune trace d’égoïsme.

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6. Considérer les vertus des Dieux.

La sixième façon de faire surgir la joie consiste à réfléchir aux vertus des devas et des brahmâs, les êtres qui vivent dans les plans supérieurs. Lorsqu’ils se trouvaient encore dans le plan humain, ces gens ont cru au kamma. Etant persuadés que les actions positives amènent des récompenses et que les actions négatives ont des conséquences néfastes, ils s’efforçaient de pratiquer le bien et de s’abstenir du mal. Certains pratiquaient même la méditation. A cause des énergies pures qu’ils avaient ainsi introduites en eux, ils reprirent naissance dans des états supérieurs où la vie est plus agréable que dans le plan humain.

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7. réfléchir à la Paix absolue.

La septième façon de faire surgir la joie consiste à méditer sur la paix qui résulte de la cessation des kilesas. Au sens ultime, c’est nibbâna.

Si vous en avez déjà fait l’expérience, vous pourrez faire surgir beaucoup de joie en vous la remémorant.

         Si vous n’avez pas encore expérimenté nibbâna, vous pouvez réfléchir à la fraicheur des états concentrés, ou jhânas. La concentration profonde amène une paix qui est de loin supérieure aux plaisirs mondains.

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Le calme et la fraîcheur s’installe tout naturellement lorsque les kilesas ont été maintenues à distance pendant un certain temps.

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8 – 9. Eviter la compagnie des gens grossiers, recherchez la compagnie des gens raffinés.

 

Les huitième et neuvième façons de faire surgir la joie sont liées. Eviter la compagnie des gens rudes et grossiers, facilement pris par la colère, les gens qui manquent de mettâ –d’amour bienveillant- et rechercher d’autre part la compagnie des personnes raffinées, au cœur compatissant.

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10. Penser aux Suttas.

La dixième façon de faire surgir la joie consiste à méditer sur les suttas. Lorsqu’il y est question des vertus du Bouddha, ces sermons peuvent faire surgir beaucoup de joie et de bonheur chez les personnes ferventes de nature. D’autres, et notamment le Satipatthana Sutta, parlent des bénéfices de la pratique du Dhamma. D’autres encore d’histoires inspirantes à propos de la sangha, la communauté des êtres nobles. Repenser à ces lectures peut donner de l’inspiration et faire surgir la joie et la bonheur.

 

11. Incliner l’esprit.

La dernière façon de développer la joie consiste à incliner l’esprit vers ce but, avec fermeté et détermination. Il faut comprendre que la joie apparaît dès que l’esprit est suffisamment pur. Si vous voulez la faire surgir, il faudra donc faire l’effort d’être attentif à chaque instant pour qu’avec la concentration, les kilesas soient maintenues à distance. Il faudra beaucoup de détermination pour maintenir votre attention ferme et ininterrompue en posture assise, couché, en marche, debout et dans toutes activités.

 

 

Sayadaw U Pandita - "dans cette vie même"

Publié dans Extraits de livres

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