Dukkhasacca par Chanmyay Sayadaw

Publié le par Langlais Pierre






Dukkhasacca. La vérité de la souffrance

(Par Chanmyay Sayadaw – extrait de Practical Insight Meditation )  - traduit de l’Anglais.

 


 

Dukkhasacca c’est nama et rupa, les phénomènes mentaux et physiques. Nama (le mental) comme rupa (le physique) apparaissent dépendant de leurs conditions et alors sont appelés mentalité conditionnée et physique (corporel) conditionné. Par exemple, prenez la conscience de voir, lorsque l’on voit quelque chose de visible, la conscience de voir est présente. Elle apparaît dépendant de 4 conditions ; les yeux, une chose visible, la lumière et l’attention (manisikara en Pali). Ces 4 conditions sont la cause de l’apparition de la conscience de voir.


        Toutes ces conditions doivent être présentes pour que la vue apparaisse. Bien que vous ayez des yeux, et que l’œil entre en contact avec une chose visible –s’il n’y a pas de lumière, vous ne pouvez voir. La conscience de voir n’apparaitra pas. Si vous avez des yeux, un contact visuel, une chose visible et de la lumière, mais sans attention à l’objet ou la chose visible, vous ne pourrez simplement pas voir. La conscience de voir apparaitra seulement quand il y a attention.


Parce que la conscience de voir a 4 conditions, on dit qu’elle est conditionnée. En Pali, une chose conditionnée est appelée sankhata. Toute conscience est conditionnée, comme le sont les phénomènes mentaux et physiques. Ils apparaissent dépendants de leurs conditions.


Néanmoins, la cessation de la souffrance, nibbâna, n’est pas conditionnée parce qu’elle n’apparaît pas ni ne dépend d’aucune condition. Alors il n’y a pas de condition ou cause pour la cessation de la souffrance, nibbâna. Elle est inconditionnée. Ce qui n’est pas conditionné  est appelé asankhata, alors que le conditionné est appelé sankhata.


Dans notre exemple, la conscience de voir dépend de l’œil, d’une chose visible, de la lumière et de l’attention. Elle apparaît puis elle disparaît. Pourquoi disparaît-elle ? Parce qu’elle apparaît. Toutes les choses conditionnées,  sankhata, ont la nature de l’apparition et de la disparition, alors elles ont aussi la nature de l’impermanence (anicca).


Tandis que la cessation de la souffrance, nibbâna, n’est pas conditionnée, elle existe toujours. Parce qu’elle n’apparaît pas, elle ne disparaît pas. Alors la cessation de la souffrance, nibbâna, n’est pas impermanente. Parce qu’elle est inconditionnée, et n’apparaît pas dépendant de condition –il n’y a pas de causes conditionnées. Alors, cette cessation de la souffrance, nibbâna, est connue comme akarana en Pali. ‘Karana’ signifie condition ; ‘a-’ sans, donc akarana signifie sans condition.


        Quand vous pouvez éteindre tous les phénomènes mentaux et physiques qui sont les choses conditionnées, la cessation de la souffrance est expérimentée. La cessation de la souffrance existe par elle-même. Elle est déjà là. Elle n’apparaît pas, donc elle ne disparaît pas, elle est permanente. Elle est appelée à la fois akarana et asankhata, comme il n’y a pas de condition.


        Le seigneur Bouddha a dit dans le premier sermon, que dukkhasacca (c’est-à-dire les phénomènes mentaux et physiques) -la vérité de la souffrance est parinneya.


C’est une vérité qui doit être complètement réalisée (parinneya). Tout phénomène mental, et tout phénomène physique, apparaît et disparaît. Ils sont impermanents. Ce qui est impermanents est souffrance, dukkha. C’est pourquoi Bouddha dit qu’à la fois nama et rupa, les phénomènes mentaux et physiques sont souffrance, la vérité de la souffrance. Cela doit être complètement compris et réalisé.

 


3 sortes de dukkha.

 

        Maintenant nous devrions mentionner très brièvement les 3 sortes de souffrances générales, dukkha, selon le traité bouddhiste de l’Abhidhamma.

        La première est dukkha dukkha.

        La seconde est viparinama dukkha.

        La troisième est sankhara dukkha.


Dukkha dukkha est une souffrance très commune. Quelques exemples seraient des choses telles que la douleur, les démangeaisons, les irritations, toutes maladies ou souffrances physiques. D’autres peuvent être le malheur, la tristesse, la peine, l’inquiétude ou toutes souffrances mentales. Ces états de souffrance sont très remarquables et communs à tous les êtres humains.

Alors, ils sont appelés dukkha dukkha, la souffrance de la souffrance.


        La seconde sorte est viparinama dukkha (dukkha du changement). Bouddha nomme aussi le prétendu bonheur comme viparinama dukkha parce qu’il ne dure pas très longtemps. Il apparaît puis disparaît se changeant en malheur et souffrance. En fonction de sa nature de se transformer en souffrance, Bouddha a dit que le bonheur est viparinama dukkha. Ce changement peut s’effectuer soudainement ou rapidement.


        Enfin, il y a sankhara dukkha. Sankhara dans ce cas a la même signification que sankhata. C’est quelque chose qui apparaît en fonction de condition ou cause. Donc, tous phénomènes mental ou physique est sankhata ou sankhara. Ils sont les effets de leurs causes, leurs conditions. Ils apparaissent et instantanément disparaissent, alors ils sont insatisfaisants. Pourquoi est-ce qu’ils disparaissent ? De nouveau, c’est parce qu’ils apparaissent, qu’ils sont sujets à disparaitre. Cette souffrance de l’apparition et de la disparition incessante, sankhara dukkha, est commune à tout ce qui est conditionné.


Ainsi, nama et rupa, les phénomènes mentaux et physiques, qui sont des choses conditionnées, sont dukkhasacca. Cette vérité de la souffrance doit être entièrement réalisée par le méditant qui veut se débarrasser de la souffrance.


Les 2 autres types de souffrances, dukkha dukkha et viparinama dukkha, peuvent être expérimentées et aisément comprises par nous-mêmes dans la vie quotidienne même sans pratiquer la méditation. Cependant, sans la pratique de la méditation vipassana, la méditation de la vue pénétrante, nous ne sommes pas capable de réaliser complètement sankhara dukkha, la souffrance de l’apparition et de la disparition. Sankhara dukkha est très profonde, trop profonde pour être réalisée la connaissance théorique ou l’analyse. Seulement par la pratique, la connaissance expérimentée du Dhamma, acquise par la méditation vipassana, nous sommes capable de réaliser cela, comme souffrance de l’apparition et de la disparition. Comme Bouddha a dit : «  Une personne qui souhaite atteindre la cessation de la souffrance, nibbâna, doit comprendre correctement et réaliser la vraie nature des phénomènes mentaux et physiques, (nama et rupa). »


C’est pourquoi nous pratiquons la méditation de la vue pénétrante. Le but premier de la méditation vipassana est de réaliser l’impermanence ou l’apparition et la disparition des phénomènes mentaux et physiques ; sankhara dukkha. Quand nous ne sommes pas capables de réaliser ceci, nous prenons faussement ces phénomènes pour être permanents. Basé sur cette croyance en la permanence de l’esprit et du corps, nous favorisons l’idée d’un « je » ou d’un « tu », une personne ou un être, un soi ou une âme. Parce ce qu’on ne réalise pas pleinement la vraie nature de l’apparition et de la disparition des phénomènes mentaux et physiques, nous les tenons pour être une personne, un être, un soi ou une âme, etc.


Quand nous nous accrochons à l’idée d’une personne, d’un être basée sur l’ignorance de la vraie nature du processus corps/esprit, alors nous développons le désir ou le vœu d’obtenir quelque chose. Nous voulons peut-être être premier ministre, président ou une personne riche. Ce désir apparaît dépendant de l’idée qu’il y a une personne, un soi ou une âme. Ce désir ou cette convoitise cause plusieurs sortes de souffrances. Quand on a le désir d’être présidant, on doit lutter pour cela de tant de façons différentes. Alors il y a souffrance. Quand on devient président, il y a encore plus de souffrance. Il y a tant de choses supplémentaires avec lesquelles on doit faire maintenant.


 

Publié dans Extraits de livres

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P
Bonjour Tinh'yOui, cette retraite fut assez éprouvante. Je ne peux me contenter de ces 10 jours en dents de scie, et j'espère que j'aurais le courage d'y retourner pour une période plus longue.Amitiés
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T
merci pour cette traduction..... par ailleurs j'ai l'impression que ta retraite en birmanie a été plus difficile que celle au Japon ?
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