recit de retraite Vipassana -6

Publié le par Langlais Pierre

 

 

    Durant ces derniers jours de la retraite, j’expérimente principalement des douleurs physiques. C’est le signe que les impuretés remontent à la surface. Pendant toute la huitième journée, j’ai le coeur et les poumons serrés. Je suis surpris de voir comme le corps adapte les douleurs pour que cela soit supportable et observable. Durant une heure, peut être lassé d’observer, je m’imagine arrachant les mauvaises plantes que je trouve en moi, puis déracinant un arbuste planté dans mon corps, symbolisant l’attachement aux désirs et à la volonté. Etant jardinier, j’ai déjà eu l’occasion de déraciner un arbuste, il faut creuser une large tranchée tout autour, dégager les racines principales avant d’enfin pouvoir faire bouger l’arbre et l’extraire, cela prend du temps. En même temps je m’encourage à abandonner la volonté, sous ses formes les plus grossières comme celle d’atteindre l’éveil. Encore une fois je suis divisé, mais je fini par y renoncer. En réalité je souhaiterai voir disparaître cette sensation désagréable, je cherche des moyens divers pour y parvenir. Je déracine l’arbuste, j’y plante à la place les graines de facteurs d’éveil. Face à mon mal, j’accepte de rester équanime et de continuer à observer.

 

 

Les sept facteurs d’éveil sont maintenant présents dans mon esprit : L’attention (sati), l’investigation (du dhamma : dhamma-vicaya), l’effort (viriya), la joie (piti), le relachement (du corps et de l’esprit : passaddhi), la concentration (samadhi), l’équanimité (upekkha).

 

 

 

 

« Ce coeur vacillant, inconstant, difficile à garder, difficile à contrôler, le sage le rectifie comme le faiseur de flèches rend droite une flèche. »                                                     Dhammapada -V.33

 

 

 

 

« De partout coulent les flots (soifs). Les lianes naissent et demeurent. Voyant cette liane qui a surgit ; avec la Connaissance transcendante (pañña), coupez les racines. »

 

 

                                                                   Dhammapada –V.340

 

 

 

 

Parfois encore, ayant réalisé l’ampleur misérable des sankhara, je me répète lorsque c’est nécessaire « Sabbe sankhara anicca, sabbe sankhara dukkha... » (Tous les états conditionnés sont impermanents, tous les états conditionnés sont souffrance...). On ne fait rien, on observe les sensations, mais parfois une douleur dure toute l’heure et on ne se rend pas compte d’anicca. Pourtant les sensations, quelles qu’elles soient, naissent, durent et s’éteignent.  Anicca. Toutes les sensations, toutes les pensées, toutes les intentions, tous les états d’esprit, anicca, anicca, anicca....

 

 

 

 

 

 

 

 

           Du temps où il préchait sa Doctrine, Bouddha employait des termes qui pouvaient être compris par chacun. Il y a un terme qu’il employait, et qui a aujourd’hui perdu sa signification, c’est acarava.

 

 

Acarava (atcharava), c’est un flot intoxicant comme par exemple le vin. Lorsque la négativité, la colère ou la peur s’empare de nous, il y a une réaction biochimique qui se produit dans l’organisme. Une substance intoxicante coule alors dans le sang, ce flot renforce la sensation négative, il agit tel un cercle vicieux se nourrissant de lui-même.

 

 

           En observant les sensations du corps, apparaissent parfois des sensations dont on se souvient. On reconnait des douleurs que l’on connaissait, qui avaient disparu. Ces douleurs nous ramènent plusieurs années en arrière, et font souvent remonter en surface des sentiments qui leur sont associés. Toujours l’esprit calme et équanime, observer.

 

 

Les yogis utilisent la respiration pour comprendre le phénomène physio-physique, que ce soit en observant l’inspiration et l’expiration, en focalisant son attention sur les mouvement du bas ventre, sur les narines, ou en prenant comme base la montée et la descente du diaphragme. La respiration naturelle est en relation avec l’esprit et les impuretés mentales. Lors d’une montée de colère, le rythme cardiaque change immédiatement, c’est le signe que quelquechose ne tourne pas rond dans l’organisme. La vipassana nous permet de prendre conscience de chaque changement de respiration. Quand la respiration n’est plus naturelle, lorsque une impureté est sur le point de nous envahir, la respiration est le signal d’alarme, et petit à petit grâce à elle nous maîtrisons nos comportements, et gardons notre calme. Nous pouvons observer la colère grâce au changement de respiration et aux sensations physiques.  

 

 

           Si nous remontons à la source de la misère que nous subissons, avant l’attachement, avant le désir, avant la sensation, avant le contact, avant les six sphères des sens, avant les phénomènes physiques et mentaux, avant la conscience et avant les formations mentales, il y a l’ignorance. Dès la naissance nous ne pouvons échapper à cette ignorance, c’est donc plus tard qu’il nous faut y mettre un terme. Ainsi, le Dhamma est un remède universel pour une maladie universelle. Le Dhamma n’a rien de sectaire, il ne peut être sectaire. Goenka rappelle souvent ceci. La souffrance est universelle.

 

 

Le fait que les centres vipassana de Goenka, ne soient ni des temples, ni des édifices religieux, ni des lieux de prières et de cérémonies permet d’accueillir toutes les confessions. Hindous, chrétiens, musulmans, bouddhistes, ... athés, participent aux cours, et chacun en retire des bénéfices pour sa vie.

 

 

           Depuis notre naissance, nous sommes tournés vers l’extérieur. Souvent nous accumulons les objets matériels, nous pensons obtenir le bonheur par ces choses extérieures. Pourtant les causes du bonheur et du malheur ne sont pas extérieures. Les humains savent très bien aller de plus en plus loin dans la recherche extérieure, jusqu’à envoyer des sondes dans l’espace, mais combien sont-ils à pénétrer l’intérieur de leur être, avec le silence et l’attention comme témoins ? Quand le silence total est fait, ce qui doit être connu apparaît.

 

 

Avec pañña, nous pouvons observer les choses sous des angles différents. Une vérité partielle est toujours déformée ; le point de vue intérieur, c’est à dire ce qui se passe en nous amène la vérité dans sa totalité. La paix de l’esprit, l’harmonie et l’équilibre sont les fruits que récolte le yogi sérieux. Le yogi qui se connait de l’intérieur souhaite vivre en paix avec ses proches.

 

 

 

 

 

 

« Abandonnez le passé, abandonnez le futur, abandonnez le présent (devant, derrière et milieu). Traversant pour aller sur l’autre rive de l’existence avec le mental libéré de toutes choses, ne subissez pas de nouveau la naissance et le déclin. »

 

 

 

 

                                                                   Dhammapada –V.348

 

 

          Bientôt, il sera temps pour nous, participants de cette retraite, de briser le silence. Ce silence nous l’avons tous utilisé pour obtenir le meilleur de nous même. Nous avons appris à travailler avec Adhitthana (une ferme détermination) ; nous avons appris qu’il ne sert à rien de viser l’Eveil (le nibbana), sans en premier lieu remplir les dix jarres (les dix parami) comme il convient. Nous avons appris à observer équanimement, à rester calme, nul doute que cela sera utile pour notre bien et celui de tous les êtres.

 

 

 

 

 

A suivre

Publié dans Vipassana

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
Bonsoir cher pieru,j'ai plusieurs questions;Que signifie "l'ignorance" ,a t'elle la meme signification que celle qui est dans le dico?Existe t'il des centres goenka ,proche de la france?Qu'est ce que le bonheur pour vous?Je suis plutot un solitaire pas un asocial ,je rencontre volontiers des personnes mais par exemple je n'ai pas d'amis ,je n'en ai jamais eprouvé le besoin,dernierement j'ai eu des ennuis de santé et j'ai passé 3 semaines dans un hopital pour une cure et j'étais au centre d'un groupe de 8 personnes dont moi.J'ai été abasourdi quand ces personnes m'ont confiés qu'elles avaient toutes fait des dépressions et des tentatives de suicides.J'avait l'impression d'etre un extra terrestre car je vis la vie avec un regard tres positif et je n'ai jamais songé a me supprimé.Malgré tous mes problemes de santé ,j'essaye de les inclure dans ma vie comme des moyens positifs.Alors quand j'ai découvert ce qu'etait le bouddhisme ,je me suis apercu que cette pratique etait en accord avec ""moi"".J'etale ma vie ,désolé,bref ,je vous remercie de vos réponses a l'avance et encore merci de me ou plutot nous  faire partagé votre experience.Avec metta,chrisostome 02.
Répondre