La pratique seul, et la pratique cadrée.

Publié le par Langlais Pierre

 

 

 

 

 

 

 

Pratiquer la méditation en solitaire n’est pas une chose facile, cela est même ardu.

Trouver un peu de temps le matin avant de partir travailler, parfois après le déjeuner de midi, si on trouve le lieu qui convient, et le soir, si la télé est éteinte et que la fatigue ne pointe pas…Au total, même pas une heure…

Avoir la motivation nécessaire, le courage ainsi que la foi en cet exercice…ce n’est pas évident.

L’avantage est que, dans notre ignorance, l’on peut pratiquer ce que l’on souhaite.

On peut faire des expériences, multiples et colorés, jusqu’à ce que, saturé, l’on se rende compte que tout cela est insatisfaisant. On perd son temps.

Etre son propre instructeur. Oui, mais… Il y a des limites.

Qui aujourd’hui, ayant grandit dans une société moderne (matérielle), vivant dans un environnement non propice à l’écoute interne, entouré d’habitudes au développement des impuretés, aura la force nécessaire pour méditer seul, et assez longtemps pour se défaire lui-même de ses attachements ?

Certains en sont capables, peut être très peu, mais encore faut-il qu’ils connaissent la méthode correctement et l’applique assez longtemps.

Car il est bien dit que les bénéfices s’acquièrent en pratiquant sur une longue période, sans interruption.

  

 

Les avantages d’avoir un instructeur qualifié sont nombreux.

L’instructeur nous apprend la procédure, la technique, il corrige nos défauts, que ce soit au niveau de la posture, ou de la façon de faire (par exemple lors d’un changement de posture d’assis à debout il se peut que nous allions trop vite), il répond à nos interrogations, il nous suit et nous soutient. (Jusqu’à nibbana, qu’il soit avec nous ou non, il nous aura orienté).

Et porté par le groupe, l’énergie du groupe, nous avançons. Il ne faut pas renoncer à l’idée de rejoindre un cours, de faire une retraite, d’apprendre convenablement, dans un mois, un an, dix ans…

 

 

Il se pose, à la base, le problème du processus des sankhara et de sa relation au mental.

Nous pouvons dire qu’il existe dans notre mental, une partie qui, s’étant développée au fil des années, est une construction étrangère et nuisible.

C’est une construction qui, insidieusement, s’est infiltrée et a pris une bonne place dans la façon que nous avons de percevoir, dans les processus mentaux, dans la fabrication de la personnalité. Cette partie recouvre de nombreux voiles la réalité nue de notre esprit. Cet élément fait que nous réagissons, que nous sommes sensibles à tel phénomène, que nous croyons avoir un ego et qu’il faille en plus en prendre soin et lui céder ce qu’il réclame, voir lui obéir.

 Donc, il y a réaction dès que se produit tel ou tel stimulus, il y a énervement, colère, égoïsme, stress, angoisse, peur, aversion, désir, intention, volonté ou ignorance.

Si, au fond de nous, nous sommes intéressés par telle sagesse, ou telle spiritualité, c’est pour contre balancer la possession injuste de cette partie de notre esprit.

Si, une partie de nous sait, que le dhamma est la voie qui nous conduira à l’éveil, ou du moins au déconditionnement (à la purification de notre mental), il faut absolument conserver cette intuition de sagesse. Nous devons graduellement, nous conditionner pour être prés à abandonner ce qui nous fait souffrir, c’est incroyable mais c’est ainsi.

Car nous produisons des sankhara, nous ne cessons d’en produire, c’est un fait à n’en pas douter. Et le mental, habile habilleur de voiles, veut continuer son rôle, aussi néfaste soit-il. Donc, concrètement, il va nous empêcher de pratiquer trop sérieusement la médiation, ou de nous entraîner à voir la réalité telle qu’elle est.   

Il va, au départ, clairement s’opposer à toute pratique le mettant en danger.

Si nous pratiquons 5, ou 10, ou même 30 minutes seul (chose que je n’ai jamais faîte avant d’avoir appris à le faire), l’esprit, de toute façon non entraîné, va faire stopper les opérations. « 15 mn, c’est pas mal, je suis calme, pas besoin de plus » ; « 30 minutes, c’est très bien comme ça, ça suffit là ». D’autre part il est possible que, l’esprit d’une personne « moderne », contemporaine, entouré de tant de stimulus, habitué à réagir pour les mêmes choses, conditionné par son flot mental incessant, et souvent freiné par un ou plusieurs des 5 empêchements (les plaisirs sensuels, l’aversion, l’excitation, la torpeur, les doutes), ne pourra mettre en route par lui-même le processus d’observation de soi, car son mental ne reconnaîtra pas cette « opération », et la déconnecte immédiatement de son rôle libérateur.

Par exemple, lorsque vous commencez à méditer, vous fermez les yeux, et le mental qui ne connaît que cela, pense que c’est pour dormir, et enclenche le processus, vous vous sentez fatigué.  

Cependant il y a beaucoup de choses que l’on peut faire soi-même.

Le fait que je ne sois pas arrivé à m’isoler assez, et à pratiquer assez pour mettre en place l’entraînement par moi-même, ne veut pas dire que vous ne pouvez pas y arriver.

 

 

Deux processus existent avec les sankhara (formations mentales, états conditionnés et conditionnant), la multiplication ou l’éradication. Mettre en place cette élimination demande du temps, pour nous qui avons participé à notre propre conditionnement (en nous réjouissant par exemple de la société de consommation), et nécessite que nous faisions appel :

-         à notre sagesse reçue ;

-         à notre sagesse intellectuelle ;

-         à une pratique dé-conditionnante de nos croyances.

(dont la principale est la croyance en un moi existant en soi)

Pour la première, la sagesse reçue, il s’agit de mettre en œuvre et de développer les facteurs d’éveil suivant : L’effort ou l’énergie, la joie ou transport joyeux, et le relâchement ou tranquillité ;  

Pour la sagesse intellectuelle, il s’agit du facteur d’éveil suivant : L’investigation du dhamma (recherche, étude, réflexion, compréhension, comparaison, recueil d’informations en des sources totalement viables , …) ;     

Pour la pratique dé-conditionnante (en réalité Panna), il faut s’entraîner à : L’attention juste ou vigilance remémoratrice, la concentration juste ou composition, et l’équanimité ou le fait de rester serein face aux vicissitudes de la vie. C'est-à-dire qu’il faut se préparer, dans notre vie de tous les jours à observer la réalité telle qu’elle se présente. Ce n’est pas facile, mais ce n’est pas impossible !

Petit à petit nous pouvons trouver la juste manière de faire, en utilisant notre intuition, en méditant et réfléchissant sur le dhamma et ses subtilités, en étant sûr de la méthode à suivre, en développant les facultés (les facteurs d’éveil), en restant vigilant sans n’oublier aucun paramètre, et sûrement en ayant fait des erreurs et les avoir surmonté.

Jusqu’au jour où nous pouvons enfin rencontrer un instructeur qualifié capable de nous enseigner, et un groupe de yogis capables de nous lancer, de nous porter dans la pratique du satipatthana grâce à son énergie.

Vipassana c’est être conscient de chaque geste, pensée, intention. Vipassana c’est la lenteur extrême ce qui permet la précision de l’observation.

Vipassana c’est rentrer si profondément dans la réalité, que le temps et les phénomènes s’étirent pour mieux se rendre connaissables. C’est disséquer la réalité, retirer avec la pince de notre esprit nos croyances et nos illusions si naturelles.

Ainsi la vision pénétrante se développe et amène le yogi à panna et à nibbana.

Qu’est ce que Panna ? C’est :

-         les vues justes (compréhension juste)

-         et les décisions justes (pensées justes).

Ici, maintenant, chaque jour, concrètement, un peu, un peu plus, beaucoup, et sans plus laisser de place à la négligence. Faire attention, faire attention, et toujours attention.

On peut dire ensuite que chaque occasion de la vie est propice à la pratique (de l’attention, de l’éthique, des facteurs d’éveil, de la compassion, du contrôle de soi, …)

Puissiez-vous tous atteindre le développement de satipatthana, puissiez-vous tous par la vision pénétrante, atteindre la libération, puissiez-vous tous connaître le véritable bonheur. 

 

 

 

METTA

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans Vipassana

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T
Salut, je vais mettre un lien sur mon blog overblog... vers le tien... j'ai beaucoup d'autre questions à te poser, (pas sur le résultat de la pratique)... je le ferais par mail.... <br /> <br /> Metacinetta
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